Collectionneur du mois de février 2017
Collectionneur du mois
Jean Dubé
Jean Dubé est reconnu comme le spécialiste des écrevisses du Québec. Ayant fait carrière au service de la Faune du Québec (MFFP), il a participé à la création d’une collection unique des différentes espèces d’écrevisses du Québec, conservée au laboratoire du MFFP à Longueuil. Aujourd’hui à la retraite, il continue d’être actif dans le domaine des collections en sciences naturelles. Il travaille présentement à l’informatisation de sa collection entomologique personnelle.
Afin d’être admis au baccalauréat en biologie, Jean Dubé complète ses deux dernières années de cours classique au collège André-Grasset, davantage reconnu pour les sciences. Avant de quitter pour l’Université de Montréal, il y léguera sa collection de poissons d’eau douce. Déjà spécialiste des coléoptères carabidés pendant son baccalauréat, il décide de poursuivre des études supérieures en entomologie forestière et de contribuer ainsi à une meilleure connaissance de l’écologie de ce groupe d’insectes. Un peu avant de terminer sa maîtrise, il se fait offrir un poste au service de la Faune à Hull. Il est alors le premier biologiste à travailler au parc Papineau-Labelle. Moins d’un an plus tard, un poste d’invertébriste s’ouvre à Montréal. Jean Dubé obtient le poste et il demeurera à l’emploi du service de la Faune jusqu’à l’heure de sa retraite en 2007.
« Je suis biologiste de formation, mais collectionneur de naissance. À l’âge de huit ans, j’avais une collection d’insectes. C’est vraiment une passion. Dès l’âge de neuf ans, je savais que je voulais travailler dehors avec les plantes et les animaux. Je me suis informé et on m’a dit que c’était le métier de biologiste. Mon choix de carrière était alors déjà réglé. »
Spécimen coup de cœur
« L’écrevisse géante (Cambarus robustus) est, d’après moi, l’espèce qui offre le plus de potentiel pour la capture et la consommation en famille. En plus d’être des organismes qui n’accumulent pas les contaminants, contrairement aux moules, les écrevisses sont comestibles et goûteuses. »
C’est la lecture d’un bulletin français de pisciculture qui a amené Jean Dubé à s’intéresser aux écrevisses. On y abordait le problème de l’écrevisse américaine (Orconectes limosus), une espèce introduite dans les bassins qui avait remplacé les espèces indigènes en leur transmettant la peste de l’écrevisse. En examinant des échantillons provenant d’une étude menée pour estimer le potentiel commercial du lac St-Pierre pour les écrevisses et déterminer leur degré de contamination, on y avait justement noté la présence majoritaire de l’écrevisse américaine. Jean Dubé a donc entrepris l’étude de la répartition géographique des différentes espèces d’écrevisse du Québec afin de mieux documenter le sujet et d’éviter qu’une situation semblable à celle des piscicultures françaises ne se reproduise ici. Il a alors reçu énormément d’échantillons d’écrevisses provenant d’un peu partout au Québec, surtout des captures accidentelles dans le cadre d’inventaires ichtyologiques effectués par le service de la Faune dans diverses régions du Québec. De ces échantillons est née la collection d’écrevisses du Ministère ainsi que la monographie publiée en 2007 faisant un rapport complet des connaissances de l’époque sur les huit espèces d’écrevisses présentes au Québec. Jean Dubé a consacré une bonne partie de ses dernières années au Ministère à compléter et informatiser la collection. Ainsi, la collection a pu être mise en valeur et pourra être utilisée pour de futures recherches, l’étude des écrevisses au Québec et en Amérique du Nord étant encore en pleine évolution.
À la question, « Pourquoi les collections sont-elles importantes selon vous ? », il répond : « C’est la seule manière d’échantillonner dans le passé. Avec les progrès de la biologie et de la génétique, on peut tout faire. Même sans l’ADN, on peut avoir une idée sur comment la répartition géographique des espèces change dans le temps. Les écrevisses sont un cas particulier, c’est encore en pleine expansion, la répartition géographique est dynamique.
C’est grâce aux collections qu’on peut voir comment c’était dans le passé. »