
Julien Bergeron
(1931-2021)
Administrateur, 2006-2012 et 3e vice-président de l’IQBIO, 2006
Julien Bergeron, qui vient de mourir le 28 mars dernier à 89 ans, avait obtenu son B.Sc. en biologie à l’Université de Montréal en 1952. Pendant mes études dans le même département, je me souviens de l’avoir vu et photographié dans des excursions en nature de l’École de la route. Son intérêt naissant pour la biodiversité se concrétisait peu après sous la forme d’un projet de maîtrise sur la distribution des fougères du Québec dirigé par Ernest Rouleau, conservateur de l’Herbier Marie-Victorin à l’U de M.
Il ne put cependant résister à « l’appel du grand large » en acceptant au printemps 1954 un poste de biologiste au Laboratoire de biologie marine de Cap-aux-Meules, aux Îles de la Madeleine, abandonnant sa maîtrise et laissant son mémoire inachevé. Jusqu’en 1963, alors qu’il était devenu responsable de ce laboratoire en y séjournant pendant l’été, il revenait passer l’hiver à la Station de biologie marine de Grande-Rivière (Département des pêcheries du Québec), dont dépendait le Laboratoire des Îles. J’ai donc connu Julien en 1954 lors du changement de saison, et surtout comme collègue depuis 1955, lorsque la Station m’embauchait comme biologiste à plein temps. Je possède d’ailleurs le premier manuscrit inédit de Julien qui inventoriait en 1956 la faune des invertébrés et des poissons des Îles-de-la-Madeleine, invertébrés dont il avait rapporté les échantillons que j’avais pu identifier pendant l’hiver. Dès lors, convaincu de l’importance des collections de recherche et du recensement de la biodiversité québécoise, il amorçait sa longue carrière de spécialiste des pêcheries de homards, des poissons surtout marins et de gestionnaire gouvernemental. Nous sommes donc devenus de bons amis et demeurés collègues professionnels jusqu’à son départ en 1963 pour le Centre de biologie du ministère de l’Industrie et du Commerce (MIC) à l’Aquarium de Québec et jusqu’à mon départ pour l’Université de Montréal en 1966.
Dès la création en 1970 du Groupe interuniversitaire de recherches océanographiques du Québec (GIROQ) par mes ex-collègues feu Guy Lacroix et feu André Cardinal (passés à l’Université Laval) et moi, Julien devenait « membre associé » de notre groupe, et notre répondant gouvernemental en matière d’accès aux équipements et aux navires de pêche du Ministère. Après la démission du directeur de la Station de biologie marine de Grande-Rivière, le Dr Alexandre Marcotte, Julien prenait sa succession en 1973 comme Chef du Service de biologie du MIC. De 1979 jusqu’à sa retraite en 1986, il fut Coordonnateur des activités en Milieu inuit et amérindien pour le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Toujours intéressé par les plantes, il avait accepté par la suite de s’impliquer dans plusieurs OSBL, notamment en matière d’horticulture. Sa bibliographie de 75 titres de publications porte surtout sur les poissons, le Homard et les échanges des Contributions du Département des pêcheries du Québec avec les publications d’institutions internationales qui ont contribué à enrichir la bibliothèque de la Station de biologie marine.
En 2006, peu après l’incorporation en 2004 de l’IQBIO comme OSBL, Julien adhérait à notre institut et acceptait, lors de notre 3e Assemblée générale son élection comme administrateur et comme vice-président dans le Comité exécutif. Le 25 mai 2006, à ce titre il m’accompagnait lors de la présentation du mémoire de l’IQBIO en Commission parlementaire sur l’affaire du Mont-Orford. Malgré des problèmes croissants de santé et l’abandon de la vice-présidence, il est demeuré administrateur de l’IQBIO jusqu’en 2012, continuant à voyager de Saint-Nicolas (Lévis) à Montréal pour nos différentes réunions. Il a suivi jusqu’à récemment dans l’Internet l’actualité sur la biodiversité et est demeuré un membre fidèle de l’IQBIO jusqu’à cette année. Julien était une personne réservée et discrète, tout en se souciant toujours activement du bien public et des responsabilités qu’il assumait.
Pierre Brunel, vice-président
17 mai 2021