Un dérivé fort imaginatif de ce potentiel d’identification des espèces est apparu assez récemment, celui du code à barres génétique. Par analogie avec le code à barres utilisé maintenant dans un grand nombre de commerces, des généticiens des Animaux ont vu le potentiel considérable de certains gènes pour des identifications beaucoup plus rapides de nombreuses espèces. S’il était possible d’utiliser un seul gène pour comparer ses nombreuses variantes entre des espèces proches parentes, alors on pourrait donner à cette technique les propriétés répétitives d’une « chaîne industrielle » qui accélérerait énormément l’identification des espèces. Elle serait notamment utile avec des fragments minuscules des individus, avec des larves encore inconnues, avec des contenus stomacaux informes, sans compter les organismes mous sans sculptures morphologiques dures, les espèces cryptiques et tous les autres taxons encore difficilement identifiables. L’identification classique souvent très laborieuse à l’aide des caractères morphologiques des espèces serait alors court-circuitée par cette technologie moderne.
Ce rêve est encore controversé et doit être confronté avec les réalités de la grande diversité animale. Les gènes de la diversité végétale semblent y résister encore. Paul Hebert, un professeur de l’Université de Guelph, en Ontario, leader dans ce domaine, a suscité la formation d’un consortium international et la construction sur son campus d’un Institut ontarien de la biodiversité qui, tout en élargissant les recherches à plusieurs taxons pour valider ce rêve, offre des services d’identification par le code à barres génétique.
Par son président, l’IQBIO a un peu investi ce domaine de recherche en offrant à l’une de ses membres, Adriana Radulovici, son expertise dans l’identification des Crustacés marins supérieurs (Malacostracés) des côtes canadiennes de l’Atlantique. Cette doctorante de l’Université du Québec à Rimouski a pu ainsi confirmer la très bonne concordance entre les identifications classiques et les identifications moléculaires de 87 espèces de Crustacés qu’elle a fait effectuer à l’Institut ontarien de la biodiversité (raduloviciabarcodes.pdf). D’autres laboratoires québécois poursuivent des recherches semblables, notamment chez les poissons d’eau douce. Elles seront consignées dans les Bibliographies que l’IQBIO prépare et mettra progressivement en ligne.