Collectionneur du mois de septembre 2018

Collectionneur du mois

Arine Burke

Responsable de la collection ostéologique Piérard-Bisaillon, Ariane Burke dirige au sein du département d’anthropologie de l’Université de Montréal (UdeM) le laboratoire d’écomorphologie et le Groupe de recherche sur les dispersions d’Hominidés.

Dès son arrivée à l’UdeM comme nouvelle professeure, Ariane Burke contacte la Faculté de médecine vétérinaire de Ste-Hyacinthe à la recherche de spécimens de référence.

Raymond Hutchinson

On lui offre alors la collection d’anatomie comparée établie par les docteurs Jean Piérard et André Bisaillon, professeurs maintenant retraités. Cette importante collection, qui est composée de centaines de squelettes d’animaux exotiques et indigènes du Québec, a donc été déménagée vers les locaux du Département d’anthropologie et a été restructurée : « Il a fallu tout réorganiser pour que ça devienne une collection de référence archéozoologique, mais ça en valait la peine. »

Suite à l’obtention d’un baccalauréat en histoire ancienne et en archéologie à Ottawa, Ariane Burke réalise une maîtrise en archéozoologie à Southampton, en Angleterre, puis un doctorat en anthropologie à l’Université de New York. Elle complète ensuite des études postdoctorales au Musée canadien des civilisations de Hull (actuel Musée canadien de l’histoire) où elle étudia la microstructure des dents de cheval dans le but d’identifier la saison de mort de l’animal. En poste à l’UdeM depuis 2003 comme professeure chercheure, elle enseigne aujourd’hui plusieurs cours au département d’anthropologie, dont l’archéozoologie.« J’ai toujours été intéressée par le rapport entre les humains et l’environnement. Je fais aujourd’hui de moins en moins d’archéozoologie et de plus en plus de modélisation avec des climatologues, mais toujours dans l’optique d’identifier comment le climat et l’environnement ont influencé la répartition des faunes et comment cela a pu amener certaines stratégies de mobilité et d’organisation sociale chez l’humain. »

La collection ostéologique Piérard-Bisaillon renferme environ 1200 spécimens de vertébrés terrestres et maritimes. Elle est utilisée à des fins d’éducation et c’est aussi un élément indispensable de recherche utilisé par les étudiants de cycles supérieurs et par des chercheurs à l’externe. Les éléments de cette collection sont classés de façon à pouvoir identifier rapidement des fragments trouvés sur les sites archéologiques. En effet, tous les éléments du côté gauche du corps des espèces d’une taille similaire sont regroupés afin de permettre une utilisation efficace de la collection.

Spécimen coup de cœur

Le spécimen coup de cœur d’Ariane Burke est un grand os trouvé sur un site romain en Tunisie où elle faisait une analyse ostéologique. Après consultation de la collection de référence, cet os lourd ne correspondait pas, comme elle le pensait tout d’abord, à un os de chameau qui occupait la région. En poussant plus loin ses investigations et surtout en considérant l’occupation faunistique historique du milieu, elle comprit que les Romains occupant ce site, situé en marge du Sahel, auraient pu capturer des autruches sauvages. C’était donc un os d’autruche ! « Cette péripétie m’a appris une leçon très importante, il faut toujours considérer le contexte écologique ! »

Dans le domaine de l’archéozoologie, beaucoup de professionnels consultent des spécimens virtuels en ligne lorsqu’ils sont sur le terrain et qu’ils ne peuvent pas se déplacer pour consulter une collection de référence. La création de ces collections sur le Web dépend toutefois de l’existence de collections de spécimens réels. En effet, étant donné que la technologie pour créer des collections virtuelles évolue très rapidement, il faut souvent revenir aux spécimens originaux lorsqu’une nouvelle approche d’imagerie 3D est inventée. Ariane Burke pense que les collections virtuelles ne peuvent que souligner l’importance de conserver les collections originales.

« Une collection comme la nôtre est unique à Montréal. On a beau créer des collections virtuelles avec des images tridimensionnelles, il n’y en a aucune qui serait aussi complète. La collection elle-même servira un jour je l’espère à créer des collections virtuelles auxquelles tout le monde pourra accéder par le biais d’un site web. »Écrit par Juliette Duranleau et Bernadette Jacquaz, 20 septembre 2018

Source :

Source :

Source :